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Une économie de la création capable de guérir

L’Hospitalité de la Beauté est un projet original de l’association DOMINO vécu et expérimenté depuis plusieurs années à Mestre Gouny (Roquesérières, 31). Aujourd’hui, bénévoles et permanents ont formulé ce qui fait son essentiel, son âme, son ADN : un système d’échange, de valeurs et de pratiques sur lesquels s’élabore cette économie de la création capable de guérir tous ceux qui y sont accueillis, en situation ou non de fragilité physique, psychique … auxquels il est proposé de faire de leur vie une œuvre d’art.

Pour développer la création de l’Hospitalité de la Beauté, la recherche de moyens complémentaires, humains, financiers et autres, est en marche afin de faire connaître ce projet, sa démarche, sa grande originalité, sa cohérence, son intérêt, sa fécondité, aux antipodes des ressorts de la société dans laquelle il est né. Tous sont invités à le découvrir, l’enrichir, le partager, le faire connaître et lui apporter son soutien

La création

Toute personne porte en elle une capacité de création, qui se vit à Mestre Gouny à travers l’apprentissage et la pratique des ateliers de théâtre, de peinture, de poterie, du travail de la terre au verger ou au potager. Le point commun et de départ de toute création est la contemplation de la beauté. Et cette beauté est ici plus qu’un baume : elle apporte un apaisement par l’émerveillement qu’elle suscite. Elle a la capacité de guérir là où la fragilité, le handicap, la maladie ne disparaissent pas mais sont traversés et dépassés, car c’est bien souvent à travers nos failles et nos vulnérabilités qu’advient l’acte de création.

Entrer dans un chemin de création par le travail de ses mains ou de son corps conduit à manifester ce qui nous anime intimement, notre unicité. Chacun éprouve dans sa chair, son esprit, son souffle qu’il est plus grand que ce qui le restreint. C’est un chemin joyeux et inattendu qui ouvre des univers intérieurs non explorés sans faire appel d’abord au savoir ou au raisonnement. Il amène à inventer, il apprend à se confronter à l’inconnu et à la peur du regard des autres. Il est exigeant. 

Au sein de l’Hospitalité de la Beauté, l’acte de création n’est pas un travail solitaire, il passe par un travail partagé et c’est au cœur d’une communion de personnes qu’il va s’accomplir.

Ainsi en est-il de l’économie de la création : chacun est engagé dans le projet au cœur de la communauté humaine qui se crée et se recrée en permanence à Domino.

La relation et la communauté

Dans l’économie de Mestre Gouny, l’échange naît au cœur de la relation, une relation qui se cherche sans dominant ni dominé. Il est le lieu de l’investissement du soin maximal pour s’établir dans un climat moins angoissé, permettant la qualité et la vérité de la rencontre. Cette priorité de l’économie accordée à la relation humaine nécessite de la patience et nous amène parfois très loin de nos référents ordinaires de l’échange où l’on compte et évalue ce qui est en jeu. Car comment échanger ou mesurer la dignité retrouvée ? ou la confiance rétablie ? l’inquiétude dissipée ou le lien restauré ?

Croissance et fécondité 

Le principe de croissance dans l’économie de la création qui guérit est le progrès de l’être humain qui peut grandir, risquer, voir le champ de sa conscience personnelle et sociétale s’élargir. Il appelle à vivre une juste sobriété des moyens, choisie comme une valeur éthique et heureuse et qui satisfait les besoins essentiels, pour tenir à distance l’angoisse de manquer ou la recherche de satisfaction immédiate de plaisirs artificiels.

Pas de course à « l’avoir » sur ce chemin de l’être qui échappe à la pression du « faire », chemin sur lequel chaque personne est interpellée, pour vivre en relation avec la nature et avec l’autre dans un processus de vie, dans une relation confiante qui va permettre de découvrir son don et le lieu particulier de sa créativité, de son unicité.

Chaque personne fragile, vulnérable ou démunie, accueillie à Mestre Gouny ne pouvant donner que ce qu’elle est dans la rencontre, nous convie à lâcher nos savoirs. Elle nous confronte avec la différence qui parfois déstabilise, mais nous invite à notre tour à nous donner simplement, avec nos pauvretés, nos manques ou nos faiblesses, nos incomplétudes, rendant ainsi le don réciproque.  

Faire de ce projet d’Hospitalité de la Beauté, une réalité tangible, dans l’économie de marché que nous connaissons, peut paraître une folie, une aventure très audacieuse. Mais nous pensons que c’est possible et qu’il est déjà réalité malgré ses phases d’inquiétudes ou ses échecs, car il séduit déjà des personnes et des acteurs économiques plus classiques, sensibles à l’échange d’humanités sur lequel il est fondé.

Cette économie de l’hospitalité s’expérimente sous différentes formes. La créativité, la force de la relation et du partage se combinent en diverses initiatives.

Comment ce projet se concrétise-t-il ?

– Un comité d’appui et de développement du projet réunitdes personnes de compétences diverses, intéressées et qui investissent leur temps, leurs talents, leurs réseaux de relations, leurs passions et leur amitié dans le projet avec l’équipe de permanents.

– Des chantiers partagés

Ils réunissent bénévoles, bénéficiaires accueillis sous la tutelle d’animateurs ou d’artisans sympathisants et qui s’adaptent pour participer à la transformation du lieu et faire de la bâtisse d’aujourd’hui une maison commune, dont chacun sera fier.

– Une Charte d’alliance

Avec tous les partenaires économiques de la construction du bâtiment, fournisseurs, artisans, entreprises, une charte d’alliance implicite se construit et renforce les liens entre intervenants professionnels (ouvriers, encadrants) et ceux qui le fréquentent, une relation sociale innovante et qualitative qui va plus loin que la seule signature d’un contrat lors de la construction.

– Un club d’entreprise autour de la fragilité

Du fait de son expérience dans l’accueil, le soin et l’attention portés aux personnes fragiles, blessées par le handicap ou les conséquences d’un « burn-out », l’association Domino peut apporter aux managements des entreprises, aide, conseils concrets, formations entrant dans le cadre de leur responsabilité sociale et environnementale (RSE). Elle peut aussi simplement proposer des sessions ou des rencontres artistiques à destination de personnes en difficulté pour un temps dans leur travail.

Ces collaborations peuvent ouvrir en retour à différentes formes de mécénat.

– L’Épargne solidaire

Déjà mise en place, la société civile immobilière Mestre Gouny a pour mission de soutenir le projet de l’Hospitalité de la Beauté. En acquérant une part de cette SCI, le nouvel associé place son épargne, plus ou moins durablement dans le projet avec la possibilité de retrouver cet argent au moment où le besoin advient. Pendant le temps de son placement, cet argent contribue au bien commun et ne dégage pas de dividende financier.

« Bienheureux les fêlés, ils laissent passer la lumière »

M. Audiard

Les personnes en situation de fragilité psychique ou sociale ou de handicap souffrent beaucoup de rejets parfois involontaires ou de discriminations dans la vie quotidienne. 

Pourtant la fragilité laisse souvent jaillir une parole artistique libératrice. Une économie qui guérit doit aussi donner à voir, à entendre, à contempler cette parole en actes.

A travers leurs mots, leurs peintures, leurs travaux au jardin, chacun grandit en connaissance de soi par la rencontre de ces hommes et ces femmes, de leurs combats, leurs souffrances, leur espérance. Rendre accessible ce travail au plus grand nombre est nécessaire.

Solidarité

« Sans la beauté, les hommes s’atrophient »

I. Aguettant

Dans l’architecture, les espaces, les formes, les volumes et les matériaux, il est important, voire vital de choisir ce qui va permettre de respirer la beauté dans les bâtiments qui vont être construits.  Cela entraine des choix plus coûteux certes, mais pour offrir à ceux qui viendront séjourner dans cette hospitalité un espace de beauté qui sauve, guérit et traverse le temps.

Ceux qui ont investi leur capital dans des œuvres d’art ou qui sont des grands créateurs sont sensibles et convaincus de l’importance et des bienfaits de cette beauté au quotidien. Leurs passions, leurs talents, peuvent être solidaires de cette beauté créatrice, transformatrice, salvatrice dans un mécénat de la Beauté au bénéfice de ceux qui en sont exclus et qui en ont tant besoin.

Loïc Devaux

Mes origines sont du Nord de la France où j’ai grandi dans une famille bourgeoise, croyante et ouverte aux autres sans toutefois d’engagement social. J’ai suivi une formation d’ingénieur urbaniste mais déçu par l’absence de prise en compte de la vie et de la parole des habitants, j’ai rejoint une équipe de personnes qui étaient en recherche de la Beauté en acte et du souci de la personne humaine, une, indivisible, appelée à la relation et à la création. Ma formation m’a toujours conduit dans la gestion et le développement de projets culturels et artistiques, sensible à l’ancrage territorial et aux coopérations locales. J’ai toujours été questionné par l’économie occidentale devenue le moteur essentiel de la vie, alors qu’elle devrait être au service des hommes et des projets. J’ai toujours été convaincu que notre première richesse c’est nous-même, nos talents, notre espérance, notre rêve intérieur. Notre seconde richesse est notre capacité à œuvrer ensemble, à enraciner nos actes dans une vision partagée. La troisième richesse est la ressource économique ordonnée à cette vision, porté par elle et par les hommes et les femmes qui l’engagent. C’est ainsi que j’ai accueilli l’Hospitalité de la Beauté en rejoignant l’équipe de Domino il y a 5 ans et qu’a muri cette « économie de création capable de guérir » partagée avec d’autres dont les premiers fruits sont impressionnants, incroyables.

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