Nathalie Plaat est psychologue. Sortant de l’école elle est engagée comme psychologue scolaire dans des écoles primaires où le contexte socio-économique n’était pas des plus favorables, pour le dire ainsi. Ces écoles ont été ses vraies écoles.
« J’y ai surtout découvert à quel point la beauté pouvait se révéler partout, même dans des lieux les plus insoupçonnés. J’ai rencontré là une beauté logée dans des pliures de l’existence, sous le tragique, quelque part écrasée sous des lignées de misère, au détour d’un jet de lumière qui embaume une pièce entière, d’une accolade spontanée venue de cet enfant emmuré, d’un au revoir de fin d’année qui prend des allures de rituel d’adieux, ou de ces petits doigts qui se referment sur ma main tendue, enfin. »
Isabelle Forest nous partage cet article paru dans un grand journal québécois.
« Et je ne plierai que devant la beauté » Ce texte de Nathalie Plaat publié dans le journal le Devoir, est arrivé un matin de juin dans ma boîte de courriels, envoyé par un ami bienveillant.
Arrivé pile, au bon moment alors que je terminais des ateliers d’écriture dans une école secondaire pour des jeunes aux parcours atypiques. En réalité ces ateliers sont devenus des ateliers de dessin et un peu d’écriture, tellement le mot écrire faisait peur à ces ados de ma région. Écrire, synonyme pour eux de corvée scolaire, de performance et finalement d’échec. Je me questionnais sur l’avenir de ces jeunes partis du mauvais pied dans la vie, pour qui l’école et parfois aussi la vie, sont une épreuve. Comment leur dire qu’ils sont capables de tant de choses dans ce monde où la performance, l’expertise et la technique trop souvent engloutissent l’autre part de nous-même? Cette part invisible, sensible, émerveillée, plus lente.
J’ai trouvé dans les mots de Nathalie Plaat un encouragement, reconnu des images, des émotions, des signes essentiels qui disent que oui la beauté sauve !
La beauté nous porte, ainsi, tout comme nous la portons aussi. Elle nous élève, nous révèle, nous trouve parfois alors que nous sommes occupés à regarder le laid, à y être avalés, à ne plus pouvoir s’en détacher.
Nathalie Plaat
Paru dans « le Devoir », nous joignons le lien de lecture de cet article qui rejoint la ligne éditoriale du site, avec l’accord de l’auteur et de la rédaction.
Nathalie Plaat est québécoise, psychologue clinicienne, autrice et enseignante à la maîtrise au CERC de l’Université de Sherbrooke où elle poursuit aussi des études doctorales. Ses travaux portent sur l’évacuation des questions existentielles dans la pratique de la médecine. Devant nos souffrances psychologiques contemporaines, elle propose une réflexion en marge du discours dominé par une pathologisation de nos états humains.
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/793208/chronique-et-je-ne-plierai-que-devant-la-beaute?
Isabelle Forest
Découvrir d'autres articles de Isabelle Forest.