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Vers une économie centrée sur la personne humaine

Vers une économie centrée sur la personne humaine

Dans ce court article, Christian Roy met en perspective l’économie avec ce qu’est fondamentalement la personne humaine en relation. Une profondeur de champ apparaît alors, qui ouvre la porte à une économie des liens, au-delà de la seule économie des biens, matérielle. Un article qui élargit le champ de la méditation vers d’autres formes de relations entre les hommes.
Il s’agit d’articuler ces deux manières de vivre l’économie en vue d’assurer à tous, le nécessaire à la survie et l’accès libre à la gratuité qui seule donne sens à la vie,

La personne comme l’être humain peut être schématiquement représentée comme composée d’un corps et d’une âme. Elle est à la fois unique, singulière et sans cesse en relation.

Il est alors possible de figurer cet être humain par la forme d’une croix, les quatre points cardinaux évoquant  respectivement le corps, l’âme, le singulier, la relation.

Économie des biens et économie des liens

L’économie, située dans cette représentation, devrait favoriser les échanges en régulant l’équilibre propre aux tensions, inévitables, dans le jeu entre ces quatre points cardinaux.

L’économie « matérielle » répond aux besoins essentiels et vitaux du corps, des besoins identifiés, quantifiés, différents et relatifs à chaque personne du fait de son unicité et de sa singularité.

Au sens plus général, l’économie concerne le rapport qu’exerce chaque personne à l’ensemble du monde. Entendons le rapport intérieur, celui de l’âme de l’être singulier qu’est chacun, du plus proche au plus lointain, jusqu’aux fins dernières de sa présence sur terre.

La première, l’économie matérielle, est une économie des biens et la seconde, l’économie générale, une économie des liens.

Il s’agit d’articuler ces deux manières de vivre l’économie pour assurer à tous le nécessaire à la survie. Mais cela ne suffit pas : il faut aussi garantir un accès libre à la gratuité, seule capable de donner sens à la vie. Les modalités de cette articulation sont multiples, car elles dépendent de la vocation propre que chacun est invité à reconnaître et à accomplir.

L’économie des biens est utilitaire. Entendons ce mot dans un sens généreux, car il entraîne souvent un partage. Une voiture est construite pour emmener plusieurs personnes, le pain se rompt, toutes sortes de choses se prêtent ou s’échangent.

L’accumulation liée à l’économie utilitaire

Cette économie est souvent basée sur une accumulation quantitative et de ce fait elle doit être sans cesse remise en perspective pour ne pas devenir une fin en soi. En effet, passer un certain seuil de cumuls ou de déploiement de biens et de moyens, cette économie tend à se suffire à elle-même, à contaminer, obscurcir, voire anéantir les fins véritables.

Il s’agit de faire coexister deux manières de vivre l’économie. L’objectif est d’assurer à chacun le nécessaire pour survivre. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi garantir un accès libre à la gratuité, seule à même de donner du sens à la vie. Les façons de combiner ces deux logiques sont nombreuses, car elles dépendent de la vocation propre que chacun est appelé à découvrir et à accomplir.

Une économie des liens désintéressée

 L’économie des liens n’est pas de l’ordre de l’utilitaire. Par l’acte libre et gratuit du don, elle constitue les rapports de commerce qui doivent être interpersonnels du commencement à la fin des échanges. Ils sont le but des échanges, ils sont créateurs de valeur désintéressée. Cependant on ne peut nier l’échange intéressé et calculateur qui se glisse quelque part dans le processus. Il a sa place et doit demeurer subordonné à la valeur désintéressée.

Christian ROY

Historien de la culture (Ph.D. McGill 1993), traducteur, critique d’art et de cinéma, est l’auteur de Traditional Festivals : A Multicultural Encyclopedia (ABC-Clio, 2005), ainsi que de nombreux articles scientifiques et communications sur les courants intellectuels personnalistes et "non-conformistes" au XXe siècle, dont il est un spécialiste reconnu. Secrétaire général de l’Association internationale d’Études médico-psychologiques et religieuses (AIEMPR) de 2011 à 2016, il co-anime depuis 2007 avec le psychanalyste Karim Jbeili des ciné-séminaires et cours sur l’anthropologie historique de la postmodernité (voir calame.ca). D’abord collaborateur régulier du «magazine transculturel» Vice Versa (1983-1997, http://viceversaonline.ca/), il écrit maintenant pour le magazine Vie des Arts et d'autres revues d'art: Esse, Espace, Ciel variable, ETC, et contribue également au site TheSymbolicWorld.com. Il est membre de la coopérative d'habitation Cercle Carré pour artistes et travailleurs culturels dans le Vieux-Port de Montréal.

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